Le Savoir et la Connaissance par "Jean Dubuis"
Différentes voies conduisent au Contact Intérieur, à la connaissance de soi ("Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les dieux"). Savoir et Connaissance sont tous deux nécessaires, Jean Dubuis nous éclaire sur le sujet.
Le Savoir et la Connaissance
Au fur et à mesure que nous avançons sur le chemin de l'initiation, ou du Contact Intérieur, le problème de l'étude - et partant du savoir - devient de plus en plus délicat. En effet, la soif de savoir, comme la curiosité intellectuelle, si elles servent de fil conducteur dans nos recherches, risquent, si elles ne sont pas bien guidées, de conduire à une indigestion cérébrale et de rendre le mental confus au détriment de l'expérience vraie.
Il est possible de considérer plusieurs qualités de savoir : encyclopédique, scientifique, philosophique... Le premier qui, en général, ne demande que de la lecture et de la mémoire, est le plus pratiqué. Certes, il est utile et nécessaire dans la mesure où il permet de définir le cadre de notre Devenir. Mais si sa pratique se transforme en boulimie, il s'en suit un véritable embarras intellectuel. Nous avons souvent remarqué que dans les milieux ésotériques nombre de personnes étudient diverses cosmogonies pour y trouver la Révélation. Or, une cosmogonie satisfaisante ne peut venir que par révélation intérieure. Evidemment, en attendant cette étape, il faut bien chercher un canevas, une carte, proposant un ou plusieurs itinéraires possibles. Mais il est préférable d'étudier et de pratiquer une méthode, et une seule, pour mettre solidement en place des structures qui serviront de guide, non plus vers un savoir mais vers la Connaissance. Une étude comme celle de la Qabal peut aider à cet éveil intérieur et, en conséquence, à sa propre révélation. En l'occurrence, la Qabal est identique à une sorte de structure sur laquelle chacun peut construire son édifice personnel.
Sur le chemin de l'ésotérisme, les lectures les plus profitables ne sont donc pas celles qui remplissent le mental mais celles qui affinent les mécanismes mentaux. De même, en est-il des exercices qui en découlent. Signalons en passant qu'au niveau pratique, le jeu d'échecs, par exemple, est plus profitable au point de vue méditatif que l'étude d'un texte cosmogonique, car le jeu d'échecs est porteur d'un symbolisme puissant qui contribue à l'éveil intérieur et qui affûte dans le mental à la fois les facultés d'analyse et d'intuition. C'est pourquoi dans le développement intérieur qui conduit à la Connaissance, il faut chercher ce qui nous apporte un résultat et s'y tenir, ne pas se disperser dans de multiples voies surtout si elles ne sont pas complémentaires. Précisons que si, dans le cadre de l’Association « Les Philosophes de la Nature »*, nous ne nous opposons pas à une étude simultanée de Qabal et d'Alchimie, c'est parce que nous savons qu'il s'agit là de deux techniques qui conduisent au même résultat et qui s'épaulent l'une l'autre.
Si nous insistons tant, c'est aussi parce que nous pensons qu'il est utile dès le début du Sentier ésotérique de prendre de bonnes attitudes mentales et de ne pas confondre utilité et curiosité. Il est vrai que nous avons parfois le sentiment de piétiner et nous piaffons d'impatience parce que notre travail ésotérique ne semble guère déclencher de résonance intérieure. Il est possible que notre mental soit saturé et que, sans qu'il y paraisse, on soit devenu amoureux de ses idées. De ce fait, on a fermé la porte à toute idée nouvelle (qui mérite toujours d'être examinée) et, en conséquence, à tout progrès. Il faut de temps en temps, faire une lessive mentale et jeter tout ce qui gêne notre Devenir, même si ceci affecte notre sensibilité. Il faut avoir en permanence un certain vide mental, une certaine faculté d'accueil afin que les subtils envois de notre Moi Intérieur puissent être accueillis par le petit roi de ce monde, notre intellect.
Dès qu'un certain Contact Intérieur s'établit, alors s’ouvre le champ de la Connaissance. Lorsque cela se produit, ne jamais utiliser cet éveil pour de vaines curiosités, ne demander à votre Contact Intérieur que ce qui concerne strictement votre Devenir ou votre initiation. Ceci est impératif. Si d'autres connaissances vous sont utiles, c'est votre Moi Intérieur qui vous les transmettra sans que vous les demandiez. L'expérience montre que la curiosité gratuite ou indiscrète rompt la conversation avec le Gardien Intérieur. En fait, c'est un peu comme si on utilisait un outil pour un usage qui n'est pas le sien, et, pour lui redonner le rôle qui lui était dévolu, il faudra un certain temps, voire même un temps assez long, celui nécessaire à la réharmonisation des différents niveaux intérieurs.
Nous souhaitons à chacun de passer du savoir au Connaître. On dit souvent que connaître, ou con-naître, c'est naître avec. C'est-à-dire que celui qui Connaît voit naître en lui, ou a vu naître en lui, ce qui EST, de toute éternité. Et ceci est vrai pour chacun de nous.
Jean DUBUIS
* Nota : L'association "Les Philosophes de la Nature" est aujourd'hui dissoute. Tous les écrits de Jean Dubuis sont édités sur le site www.portaelucis.fr
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