uni-vers la conscience

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Nom de la Rose (ou la lutte contre l'obscurantisme) Jean Dubuis

Nouvel arbre 001 (2).jpg  Le Philosophe et Adepte Francis BACON a lutté contre l'obscurantisme de son temps en privilégiant l'expérience sur le dogme.

 

C'est au titre de l'expérience, seule, que l'on peut juger des valeurs transmises et ceci dans tous les domaines. Si l'on ne peut, comme l'on dit, « y aller voir par soi-même », on risque longtemps de véhiculer un faux-savoir et de fausses pratiques. Sans en avoir forcément conscience, on s'est auto-programmé dans un certain langage, devenu cohérent pour soi-même - c'est là le piège - ce qui fait dire aux autres que « l'on ne veut pas en démordre ». Insidieusement, l'intolérance a pris pied en nous et l'on s'obscurcit peu à peu.

 

Quand bien même on se met en quête d'apprécier les valeurs transmises, on sait que l'on ne peut passer au crible tout enseignement avec la même aisance. Rarement, un professeur qui corrige un devoir de mathématiques, de physique ou de chimie, passe pour être intolérant dans son jugement. Ces matières qui relèvent d'un contrôle expérimental, qui s'appuient sur une logique cohérente et qui coïncident avec la perception générale que l'on a de l'Univers ne font pas place au doute ; aussi, la notion de tolérance, ou d'intolérance, n'existe-t-elle pratiquement pas à cet endroit. Mais dès que nous entrons dans des domaines où les connaissances paraissent moins rigoureuses, parce que non mesurables, comme la philosophie, l'histoire, la poésie, la psychologie, etc., le doute s'installe. Le correcteur qui doit alors apprécier la réflexion de l'élève passe le plus souvent pour intolérant à ses yeux lorsque celui-ci est mal noté.

 

Dans le domaine de l'intolérance, on constate qu'il y a les intolérants-nés - ceux qui en toute circonstance ne bougent pas leur point de vue d'un seul iota -, les intolérants de bonne foi, comme les petits enfants, et les intolérants volontaires, les plus dangereux, ceux qui se plaisent à brouiller les données pour manipuler leur entourage. Les uns relèvent d'un manque de maturité, les autres du plus pur cynisme, camouflé bien sûr. Ces derniers sont plus difficiles à déceler car ils sont porteurs du masque de la bonne foi et agissent dans des domaines où très souvent la rigueur dite scientifique fait défaut. L'Histoire en est un exemple courant ; comme elle est essentiellement basée sur des documents, bien des puissants, soucieux de leur réputation, ont souvent faussé, voire supprimé, tout témoignage gênant de leur époque. Dans un souci de puissance personnelle, ces masques de la bonne foi s'infiltrent toujours dans les domaines de la politique, de l'économie, de la religion ou de la philosophie, et aujourd'hui du pseudoésotérisme ; domaines où ils ont matière à jouer les guides et, par conséquent, à maintenir les rênes pour tenir le plus grand nombre sous leur joug.

 

Que l'on soit victime de sa propre intolérance, à laquelle conduit immanquablement la mauvaise foi, ou que l'on soit victime de celle d'autrui, il faut dans les deux cas s'en affranchir.

Comment l'élève sur le Sentier peut-il ne pas rester piégé, lui qui n'est pas encore tout à fait un être Libre ? Sans cesse, on le voit travailler, balayer sa propre maison, se tenir vigilant et chercher à connaître les choses par lui-même en les expérimentant.

 

Au niveau personnel, la pratique de la bonne volonté et du lâcher-prise donnent de bons résultats. On colmate peu à peu les points faibles et on cherche de nouveaux points d'équilibre pour réajuster sa propre marche. En outre, s'il est salutaire d'être tolérant à l'égard des autres, il faut d'abord l'être envers soi-même. Dans cette démarche, il faut aimer les autres mais pour cela il faut d'abord aimer l'autre qui est en soi. Enfin, dans le doute de se bien connaître, on peut toujours se pencher vers son miroir intérieur pour le questionner. A ce propos, comme il faut aller de l'avant, mieux vaut orienter le travail du miroir vers l'avenir que sur le passé.

 

Au niveau social, l'Etudiant véritable vit dans ce monde, non en dehors ; il ne vit pas en ermite dans une grotte, même si parfois quelques jours de retraite sont bénéfiques à sa remise en forme. Comme nous tous, il dispose de nombreux outils : l'esprit de raisonnement, l'esprit critique, la réflexion (c'est encore un jeu de miroir) et toujours la cervelle et le cœur. Il n'est pas exclu que sur son chemin il ait à chasser les marchands du Temple. Se rappeler que si l'Adepte a la tête dans le Ciel, il a aussi un pied dans la mer et un pied sur la terre.

 

Au niveau ésotérique, nous l'invitons plus que jamais à faire sienne la devise de Siddharta Gautama (Bouddha) :

 

“Ne crois rien parce qu'on t'aura montré

  le témoignage écrit de quelque Sage ancien,

  Ne crois rien sur l'autorité  des Maîtres ou des Prêtres

Mais ce qui s'accordera avec ton expérience  et après une étude approfondie 

satisfera ta raison et tendra vers ton bien cela tu pourras l'accepter comme vrai  et y conformer ta vie”.

 

 

Précisons que l'ésotérisme authentiquement vécu peut être considéré comme une religion expérimentale : le travail permanent consiste à relier les deux “moi”. Si l'expérience mystique ou intérieure procédait de la même nature que l'expérience scientifique, l'ésotérisme prendrait, au niveau des connaissances, le même niveau que les sciences actuelles dites exactes (on devrait dire presque exactes). Alors, les religions et bien des choses en “isme” disparaîtraient, à commencer peut-être par l'ésotérisme lui-même... !

 

Mais nous savons que l'expérimentation ésotérique n'est pas extérieurement mesurable. Elle est intérieure à l'être. Elle n'est donc pas transmissible à un autre. Par contre, ce qui est possible de lui transmettre en ce domaine, c'est la méthode ou la nature du travail qui conduit à l'expérience. Mais s'il refuse le travail, il n'y a aucun moyen de le sensibiliser. On peut seulement souhaiter qu'il bénéficie d'une expérience spontanée, ce qui peut se produire car cette dernière n'est alors que la manifestation d'un lent mûrissement intérieur.

 

Il est dit dans l'un des Sept Commandements de la Fama Fraternitatis : « Tu ne démontreras pas la doctrine par des miracles ». Rappelons que le miracle « vrai » n'est dû qu'au fait que l'Initié, par opposition au profane, a accès à un plan de lois naturelles qui, plus élevées, transcendent celles de notre monde physique. De la part de celui qui a ce pouvoir, il est mieux d'amener l'élève à effectuer sa propre démonstration intérieure que d'opérer à sa place. Par ailleurs, il existe des mystificateurs de talent, et nous savons tous que, sur le plan extérieur, les illusionnistes ont l'art de nous « en mettre plein la vue ».

 

Une autre difficulté guette l'élève sur le Sentier. C'est qu'il est long et difficile de s'affranchir de la tutelle de ses père et mère, aussi plus d'un est-il à la recherche d'un « maître ». Comme l'élève qui « s'affine » sent bien qu'il existe d'autres dimensions, il est du même coup prompt à penser qu'existent également des êtres « supérieurs », ne serait-ce que parce qu'il établit une comparaison avec lui-même. Sans aucun doute, de tels êtres existent mais, en quelque sorte, on peut dire qu'il s'agit d'êtres qui ont fréquenté l'Ecole avant les autres, d'une manière assidue. En fait, il faut tendre à se diriger soi-même et à n'être soumis qu'à son Moi Intérieur qui lui seul est le véritable Maître. « Soumis » s'entend dans le sens d'être à l'Ecoute. Ce n'est qu'à ce titre qu'on peut devenir Libre.

 

Il est évident que celui qui a vécu une expérience intérieure a envie de la faire partager à un proche pour l'assurer qu'il ne dépend que de lui, et de lui seul, que le Voile soit soulevé. Il est vrai qu'il existe bien quelques voies qui permettraient peut-être de faire naître la connaissance ésotérique expérimentale, en Astrologie ou en Alchimie ou en Qabal, ou autre, mais ici nous nous heurtons à deux problèmes.

 

Si nous tentons une expérience alchimique, par exemple, d'un niveau suffisant pour démontrer l'influence des forces spirituelles dans le matériel, nous ne pouvons le faire que devant un public de niveau intérieur adéquat, autrement dit un public qui n'en a pratiquement pas besoin.

 

L'autre raison est que l'on ne soumet pas le spirituel au jugement du profane. L'inverse seul est possible. Il s'agit là d'une Loi Universelle. Comme le dit le Sepher Yetzirah : Tali, le petit roi de ce monde (l'intellect) doit se lever de son trône pour accueillir le Grand Roi (le Moi Spirituel) car l'Adepte doit se présenter seul et Libre à la Porte du Temple.

 

Pour ces raisons, la lutte contre l'obscurantisme reste encore lente, d'autant que le Nadir n'a pas été franchi par tous. Cependant, la plupart l'ayant franchi, on voit depuis plusieurs années poindre un intérêt réel pour l'expérience intérieure. Un autre fait dans notre monde actuel est la contestation qui s'exprime à tous les niveaux. Même si elle n'est pas toujours fondée, elle témoigne d'un refus à recevoir aveuglément des directives extérieures. Par ailleurs, on entend aujourd'hui beaucoup parler de concertations et bien qu'elles soient souvent branlantes, car ce langage est encore récent dans nos mentalités, elles annoncent pourtant une ouverture aux autres, une écoute, une disponibilité qui, même si elles ne sont pas encore d'une grande efficacité, vont peu à peu faire tomber l'intolérance et dissoudre l'obscurantisme.

 

C'est à travers ceux qui veulent Œuvrer que la Rose entrouverte pourra enfin s'épanouir.

 

Jean DUBUIS

 

http://www.portaelucis.fr/html/textes/deontologie.htm

 



02/10/2019
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